• La Patagonie.

    A lui seul, ce mot évoque une terre lointaine, là où ont été écrites les plus belles pages de l'aventure des hommes, et ce depuis l'arrivée les grands explorateurs du 16e siècle. Terre de Feu, Passage de Drake, Détroit de Magellan, Canal de Beagle, Cape Horn... Autant de noms qui évoquent le voyage, autant de nom dont la seule mention suffit à faire frémir les navigateurs les plus aguerris.

    Patagonie, terre immense aux pleines infinies. Descendre à Ushuaia depuis Esquel par la route de l'Ouest nécessite de passer 4 fois la frontière entre l'Argentine et le Chili et équivaut pour nous à la route que nous avons suivi depuis Paris pour nous rendre au Caire.

    Patagonie ou le combat incessant que livre l'homme contre une nature sauvage, inhospitalière. D'un coté de la Cordillère des Andes, désert et vents terrifiants. De l’autre, pluies diluviennes, volcans, glissements de terrain.

    Cette réputation n'est pas usurpée. Nous allons très vite nous en rendre compte. Peu après la sortie du village de Trevelin, la piste reprend ses droits. Une piste tortueuse, qui serpente entre les vallées. Aux lacets, montées raides et descentes vertigineuses succèdent des parties assez roulantes, ponctuées de zones de tôle ondulée et de nids de poules. Chamaco se régale et se joue de ces pièges. C'est sur ce genre de route que le choix d'un tel véhicule se justifie. Cela n'a rien à voir avec les pistes du Nord Kenya ou de Tanzanie. Nous évoluons ainsi dans des paysages de moyenne montagne, alors que l'altitude dépasse rarement les 300m.

    Le village de Los Cipreses marque le point de passage vers le Chili. Une fouille méticuleuse d'une heure a permis aux douaniers de s'emparer d'un sac de cacahuètes et des cales en bois du camion, nos masques et sculptures Africaines étant cachées sous le lit des enfants. De toute manière, on ne les leur aurait pas laissé, quitte à faire marche arrière. Le Chilien craint la vermine immigrée ! La moitié des produits frais de notre frigo est ainsi détruite sous nos yeux à coup de détergents.

    A peine avoir franchi la frontière, la Patagonie occidentale nous présente son vrai visage. Une pluie froide s'abat sur nous. Une pluie qui ne connaîtra de réelle trêve, que lorsque que nous seront repassés du coté Argentin. Partout autour de nous, tout n'est qu'eau. L'eau glaçante de la pluie ; celle de la condensation dans le camion, ;celle des nuages bas et lourds qui nous enveloppent ; celle des cascades qui ruissellent tout autour de nous ; celle des coulées de boue qui, ça et là, emportent avec elles des morceaux de route et de foret ; celle des rivières, autour desquelles on vante les activités de rafting (sauf que là, c'est trop dangereux) ; celle de la fumée blanche et épaisse qui s'échappe du pot d'échappement, celle des lacs qui gagnent du terrain sur les prairies.

    Nous traversons quelques rares villages fantômes. Autour de nous, il n'y a que des rivières, des falaises et des clôtures. La Caretera Australe n'offre aucune échappatoire. Elle est parfois surnommée Sentier Général Pinochet (Senda Général Pinochet) du fait de son étroitesse sur la plus grande partie de son itinéraire (soit 4,5 m de largeur). Lorsqu'après une première et longue journée de route, nous nous mettons à la recherche d'un coin pour passer la nuit, il nous faut encore rouler longtemps, avant de trouver le moyen de se garer en dehors de la piste. C'est chose faite. Un petit bout de verdure pas trop en pente nous servira de bivouac. La pluie continue de s'abattre toute la nuit, si bien qu'au petit matin, la prairie est gorgée d'eau. Il n'y a que 5 mètres à faire pour regagner la piste, et pourtant les roues du camion creusent dans cette boue spongieuse et s'enfoncent. Qu'à cela ne tienne, on prépare les sangles que l'on fixe à l'avant du camion en vue d'un « coup de pousse ». Une demi-heure passe avant qu'un premier camion se présente. Rudesse du climat, rudesse des hommes. Pour la première fois depuis notre départ de France, on nous refuse l’assistance. Le chauffeur n’avait pourtant même pas à sortir de sa cellule ! Nous sommes sciés et restons les bras ballants sous la pluie battante, muets d'étonnement et ivres de rage. Nous restons ainsi une demi-heure avant le passage d'un deuxième camion. Le déplantage ne dure que 2' et nous, nous en avons déjà marre de ce pays.

     

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    Durant les jours qui suivent, quelques rares éclaircies nous permettent d'admirer le contraste entre le vert de la chlorophylle et le bleu turquoise des lacs et rivières.

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    La route est belle. Malgré son étroitesse, elle est à nos yeux praticable en camion et en camping car, même si elle n'est officiellement pas adaptée aux transports lourds. Il faut veiller à bien se signaler dans les virages. Nous souhaitons seulement signaler un col, 100 km au Nord de Coyhaique, particulièrement abrupt en montée comme en descente, ou nous avons dû passer les 4 roues motrices et les vitesses courtes. Mais c'était pour notre confort et notre sécurité, alors que des trombes d'eau s’abattaient sur Chamaco. Je crois que notre lenteur a passablement énervé un camion qui cherchait à nous doubler dans la descente. Dès la fin de la descente, une route neuve dessert la ville de Coyhaique et ce jusqu'à Puerto Ibanes, à 150 kils au Sud de la ville. L'itinéraire classique pour revenir sur l'Argentine sans avoir à prendre de ferry est de contourner le Lac Carrera et de passer la frontière à Chile Chico. A Coyhaique, on nous évoque une piste qui démarre à 20 kils au Nord de Cochrane, mais aussi neige et passage de gué. Elle permettrait de gagner du temps pas mal de temps dans notre progression vers le Grand Sud.

    Le soleil nous accompagne lorsque nous avons l'opportunité de visiter en barque la Capilla de Marmol, à proximité du village de Puerto Tranquillo, au bord du Lago General Carrera. Il joue avec le marbre creusé par les eaux turquoises pour créer une atmosphère féerique.

     

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    A la sortie du village de Puerto Tranquillo, nous prenons un auto-stoppeur qui nous confirme que la piste alternative est praticable, et peut-être même meilleure que le reste de la Caretera Autrale, car moins fréquentée. Nous décidons de tenter le coup. La piste se déroule facilement. Le paysage est magnifique et change à chaque virage. Nous en prenons plein les yeux. La traversée durera deux jour, sans voir un seul autre véhicule. Le temps de passer un nouveau col et le climat change radicalement. Il fait chaud et sec. La végétation devient plus rare. Un tout petit poste de frontière permet de revenir sur l'Argentine. Les formalités sont cordiales. Nous sommes certainement la seule distraction des douaniers ce jour. Pas de gué et encore moins de neige à signaler ! Peut-être uniquement une dalle de pierre à franchir 30 m après le poste de frontière Argentin.

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    Nous retrouvons ensuite la fameuse route 40. A noter : depuis Coyhaique, le seul endroit où nous avons pu nous ravitailler en essence est la ville de Governador Gregores. Entre les deux : 800 kils. C'est là que nous faisons la connaissance de Gilles, leader d'opinion international sur les abeilles, qui voyage depuis 4 ans autour du monde sur sa moto BMW 1150 GS, de conférences en conférences, sur les 5 continents. Nous le retrouvons le lendemain sur la route d'El Chalten. Il est photographe amateur et nous a offert cette image :

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    L'arrivée sur El Chalten est splendide. De très loin, le mont Fitz Roy est visible depuis la pampa qu'il découpe de son ombre majestueuse. Le village est très commercial et n'offre que peut d’intérêt à part celui d’être le point de départ de fabuleuses randonnées de trekking et d'escalade dans le Parc National Los Glaciares. Il est possible de bivouaquer gratuitement au bout du village, là ou démarrent les sentiers. La vue sur le Fitz Roy et les aiguilles de granit environnantes est rare à cause des nuages fréquents, mais impressionnante. Les aiguilles portent le nom des héros de l'aéropostale : Saint-Exupéry, Mermoz, Guillaumet..., autre témoin de ce lien invisible qui unit l'Argentine à la France.

    Nous faisons la connaissance de deux autres familles françaises en camping car. Les 4 vagabonds, avec qui nous passons deux soirées très sympas et les Aller-5 , que nous croisons rapidement, mais que nous retrouverons plus tard.

     

     

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    Nous retrouvons à notre plus grande surprise Dr Steve, un cycliste anglais que nous avons pris à bord de Chamaco, il y a quelques mois... sur les dunes de Sossuslvei en Namibie ! Le monde est un minuscule village.

    C'est précisément à El Chalten que le vent se met à souffler. Un vent fort et constant. Un vent qui secoue le camion la nuit et avec lequel il faudra s’accommoder en roulant. Un vent qui rend compliquée toute tâche extérieure. Un vent qui hurle et qui rend fou, un vent qui ne nous lâchera plus jusqu'à la fin de notre passage en Patagonie. Nous croiserons de nombreux autres cyclistes sur les pistes de « ripio ». Ils luttent sans cesse contre un air devenu solide, un mur mouvant qu'il faut dévier sans cesse à grand coup de guidon, une claque qui les envoie régulièrement valser dans les ornières. A tous ces fous, nous tirons notre chapeau et nous tenons ici à les honorer.

    La bonne nouvelle, c'est que quand il vente, il ne pleut pas.

    Nous partons pour une rando en montagne de 7km. Nous sommes très fiers de Charlotte qui a marché tout le long sans se plaindre. Elle devient une vraie aventurière, du bout de ses presque 4 ans !

     

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    Nous aurions pu mener plus en avant notre exploration du site, en accompagnant les copains jusqu'au Lago Desierto. Mais un pont qu'un panneau alerte sur une charge maximum de 6 tonnes nous en a dissuadé. Nous devenons raisonnables. En Afrique, nous avons emprunté des ponts bien plus chétifs, parce que de tels avertissements n'existent pas.

    Après 4 jours à El Chalten, nous reprenons la route en direction d'El Calafate. Avec le vent dans le dos lors de la première partie, Chamaco plane au dessus de la route. Ayant le vent de face dans la seconde, nous ne passerons pas la 4e vitesse, alors que la route est plate. Il faut dire que le profil du camion n'est pas particulièrement aérodynamique.

    A peine arrivés en ville, nous sommes abordés par la famille Piérart. Gwendoline, Julien et leurs trois enfants, Louis, Jeanne et Blanche, voyagent pour un an en Land Rover. Leur véhicule est actuellement en réparation et nous bivouaquons à proximité de la « cabana » qu'ils ont loué en attendant.

     

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    Nous partons le lendemain en direction du fameux Perito Moreno. En arrivant dans la soirée, il est possible de stationner sur le parking de la porte principale, et ainsi, avoir la chance d'admirer le glacier avant l'arrivée des cars de touristes. Les dimensions de ce géant sont impressionnantes.  Le front du glacier fait approximativement 5 000 mètres de long, la hauteur de glace est de 170 mètres, dont 74 mètres sont émergés. Il avance d'environ deux mètres par jour (700 mètres par an). À certains endroits son épaisseur atteint700 mètres. (Source : Wikipedia). Nous l’entendons craquer de toute part, dans un bruit de détonation. C'est l'un des seuls glaciers au monde qui ne recule pas sous l'effet du réchauffement climatique. Et ça, c'est plutôt une bonne nouvelle !

     

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    En nous rendant vers le Parc National Torres del Paine au Chili, nous prenons en stop deux jeunes backpackers (sac au dos). Ils nous apprennent qu'un ferry permet de remonter les fjord chiliens, ce qui nous éviterait les 3000 kils de pampa argentine. Affaire à suivre... Passage de frontière sans problème, petit poste en bordure de piste. En atteignant le parc par la porte secondaire du Nord dans la soirée, il est possible de le visiter sans payer. En tous cas, on ne nous a rien demandé. Le cadre est splendide, mais là encore, puisque nous sommes dans le Sud Chili, nuages et pluies viennent estomper notre plaisir. Beaucoup de gris, mais aussi parfois du bleu, du blanc et du vert... Si l'on veut saisir la réelle beauté du parc, c'est à pied qu'il faut le découvrir. Charlotte est encore trop petite pour le trekking, et cela d'autant plus que la meteo n'est pas favorable. Nous nous contentons d'admirer le paysage en restant à proximité de la piste et laissons les images s'exprimer pour nous.

     

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    En arrivant au village de Puerto Natales, nous réservons notre ferry pour la date du 3 Janvier. Une démarche administrative oblige Virginie à se rendre à un consulat de France dans une capitale au cours du mois de Janvier. Buenos Aires ? Impossible. Nous sommes déjà depuis 4 mois en Argentine et nous ne voulons pas tourner en rond. Reste Santiago. Autant joindre l'utile à l'agréable ! Ce sera notre cadeau de Noël.

    240 kils plus loin, nous arrivons à Punta Arenas. L’intérêt de cette grande ville réside essentiellement dans sa zone franche, qui permet à Laurent d’acquérir une guitare neuve de marque pour 30 euros. Elle remplacera la vieille guitare achetée sur le marché de Buenos Aires. Au port, un ferry permet de traverser le mythique détroit de Magellan.

    C'est ainsi que nous mettons les pieds en Terre de Feu, à Porvenir plus précisément. Voyage sans histoire où il est possible de rester dans le véhicule pendant les deux heures que dure la traversée. Le prix pour le camion, en négociant bien, peut-être le même que pour une voiture, ce qui est rare !

    La piste qui suit est très roulante et splendide. Nous ondulons d'une colline à d'autre, à proximité des falaises. 17 kils après Onaisin, une affiche vante la possibilité de rencontrer les manchots royaux. Les manchots royaux sont la deuxième plus grande espèce de manchots au monde après les manchots empereur. Mais ce derniers ne sont visibles qu'en Antarctique... Il ne faut pas s’arrêter à la hutte. Le prix de 40 USD par personne pour observer les oiseaux est hallucinant. Cela nous apparaît comme une exploitation abusive du littoral, de la nature et du tourisme. En continuant un peu plus loin, nous arrivons à l'Estancia Tres Hermanos. Ravi de faire la guerre à son voisin, le propriétaire se fait une joie d’accueillir généreusement les touristes de passage qui se présentent à lui. Il nous indique que 200m après la fameuse guérite, un portail rouge permet d'accéder à ses terres, puis, plus loin, à la plage. Si vous passer dans le coin, il faut bien veiller à rester sur la plage et à ne pas entrer sur les terres du « commerçant ».

     

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    C'est un vrai plaisir que d'observer ces oiseaux dont la démarche est si proche de la nôtre. Les manchots ne sont pas farouches et même curieux à notre encontre. Nous prenons conscience du côté éphémère de cette rencontre et de notre statut de privilégié. Ils sont de moins en moins nombreux en Terre de Feu, les eaux devenant trop chaudes pour eux.

     

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    Nous reprenons la route qui nous reste avant Ushuaia. Petite halte à Tohuin, au bord du lac Fagnano. Nous y faisons la connaissance de Romain, un p'tit gars très sympa qui entame un grand tour en vélo. Dans le village, une panaderia (boulangerie, vous avez vu comment on se ballade maintenant en Espagnol?) qui vaut le détour.

    Ushuaia, Fin del Mundo. Le Bout du Monde ? Pas tout à fait. Il s'agit d'un coup médiatique argentin. De là, on peut apercevoir la proche île chilienne de Navarino, et en particulier Puerto Williams, LA ville la plus australe de la terre. C'est fini. On ne pourra pas descendre plus bas.

    Les Argentins sont un peuple fier. J'en veux pour preuve le panneau sur le port qui dénonce l'occupation abusive par les Anglais des Malouines, terre Argentine, qu'ils ont le culot d'appeler Falklands. L'aéroport d'Ushuaia s’appelle d'ailleurs « Malvinas Argentinas ». Ils ont la rancœur tenace !

     

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    En attendant l'arrivée de Péric, nous nous installons au camping « La Pista del Andino », où nous retrouvons tous nos amis voyageurs : les Aller-5, les Pierart, la Cagouille en Vadrouille... et tant d'autres. Nous retrouvons également les Rat-y-Loup et la famille Geonautes, que nous avions brièvement rencontrée à Valdes et rencontrons les Duduland, les Espadrilles, et tant d'autres backpackers et cyclistes dont nous n'avons pas l'adresse du blog. Nous avons beau être au bout du monde, nous ne sommes pas isolés.

    C'est ici que nous abandonnons notre vieille guitare, en lui confiant un nouveau destin : celui, comme nous, de voyager à travers le monde. En nous inspirant du « book crossing », nous essayons de la libérer d'appartenir à un propriétaire, en étant échangée. A notre départ, elle n'était déjà plus dans le camping. Par contre, nous n'avons plus de nouvelles. Vous pouvez suivre ses pérégrinations ici.

     

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    Pauvre Péric. Entre les grèves du personnel de sécurité d'Air France et le surbooking, il mettra 48 heures à venir nous rejoindre, ce qui lui laissera 4 jours avec nous, avant de reprendre son vol retour. Nous passons ensemble la veillée de Noël au camping, avec tous les autres voyageurs et nous retrouvons le 25 au matin pour une fête plus intime. Une croisière sur le canal de Beagle, une visite du glacier Martial et de l'Estancia Alberton et son musée maritime sont prévues pendant son trop court passage parmi nous.

     

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    Nous reprenons la route en sens inverse le 27, cette fois accompagnés des Aller-5 et de la Cagouille. Chaque véhicule abrite également un couple de backpackers, que nous avons pris en stop. Céline et Adrien voyagent avec la Cagouille, Juan avec les Aller-5, Evangéline et Cédric avec nous. Même route, dans l'autre sens, et en convoi : Tohuin, Rio-Grande, manchots, Porvenir, Punta Arenas (où nous laisserons nos auto-stoppeurs), Puerto Natales. Le vent souffle particulièrement sur la partie argentine de la piste. Chamaco se bat contre un vent de face puissant de plus de 100 km/h. Le bruit est insupportable. Virginie a peur pour son lanterneau de toit qui se soulève. Régulièrement, nous montons sur le toit pour vérifier la fixation des panneaux solaires, au risque de nous faire emporter.

    Nous sommes maintenant nombreux à vouloir faire la croisière à travers les fjords chiliens. Sauf que là, au moment de monter sur le bac à Porvenir, Laurent entend un bruit bizarre dans le moteur. A peine débarqués à Punta Arenas, une pièce lâche et se répand sur le parking. Bruit de ferrailles insupportable. Nous n'allions quand même pas conclure un article sans parler de mécanique ! La pièce défectueuse est la liaison entre le compresseur d'air et le système pneumatique du camion. Nous sommes le Jeudi 29 Décembre au soir, nous devons embarquer dans 4 jours, avec un week-end de fête au milieu. Chamaco, votre mission, si vous l'acceptez, sera de vous sortir de la mouise au plus vite !

    Laurent part avec Cyril et Damien en taxi à la recherche d'une caserne de pompiers. Le Chili est le pays où on peut tomber en panne, car les « bomberos » chiliens sont dotés des vieux camions Renault. Ils devraient pouvoir nous renseigner. Bonne nouvelle, le chauffeur de taxi connaît le garage Renault, présent dans la ville, où les pompiers font réparer leur véhicule. Il y a un dieu des voyageurs. 200m avant, nous étions encore à Porvenir, en Terre de feu, dans la pampa.

    Il est 19h30 quand nous arrivons au garage. Le garage ferme à 18h mais par chance, le patron est encore présent. Un mécanicien sera à 8h30, sur le parking du port, pour nous permettre de nous rendre au garage.

    Bien évidemment, la pièce n'est pas disponible, ils peuvent cependant la réparer, pour nous permettre de continuer notre route. Il faudra ensuite la changer.

    Nous apprenons que le Parc Torres del Paine est en feu. Un acte criminel. Le président du Chili a déclaré l'état d'urgence et demande l'aide internationale. D'heure en heure, des milliers d'hectares sont détruits, le feu étant alimenté par les vients violents que nous avons subit sur la route. Des pompiers Argentins et Brésiliens sont venus porter main forte aux Chilliens. Cela se passe à 300 kils de nous, nous y étions 2 semaines auparavant. Le parc est désormais fermé.

    Le Samedi 31 Décembre à midi, la pièce réparée est remise sur le camion et nous pouvons repartir. Inespéré !

    Nous roulons 30 kils, lorsque le bruit de ferrailles se fait entendre de nouveau. La réparation n'a pas tenu. Nous sommes en panne au kilomètre 40 de la route 9 un 31/12, mais les copains sont encore là ! Laurent part avec Cyril coller un SOS sur la vitrine du garage. Au mieux ils trouveront le mot lundi, le jour où nous devions embarquer. Nous voulions gagner du temps en prenant ce bateau, c'est illusoire maintenant.

     

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    Les copains sont impressionnés par notre distance par rapport à l’événement. C'est vrai, que dans ce domaine, on lâche prise. On a vu pire, et on est encore là. Cela fait partie de notre voyage maintenant.

    Réveillon insolite et mémorable au mythique km 40 de la RN9 au Chili, sous les coups de klaxon des rares véhicules hallucinés.

     

    réveillon 2011-12

    Dimanche 1er Janvier 2012, midi. Nous rangeons les restes de la soirée. Les copains sont sur le départ. Ils sont gênés de devoir nous laisser ici. Une fois seuls, nous reprenons l'école. Des confettis tombent encore du plafond du camion.

    Lundi 2 Janvier au matin. Nous devrions être en train de faire le pointage pour l'embarquement. Le garage devrait avoir reçu notre message... Nous reprenons l'école.

    9h15. Il est là ! Le mécano ! Nous avons été entendus ! Il repart avec la pièce et nous promet de faire le nécessaire pour le lendemain. Nous lui expliquons qu'il n'a plus à se presser désormais. Ce qui compte pour nous désormais, c'est que la pièce tienne.

    Nous reprenons l'école. Curieusement, les enfants sont assidus et motivés. Ils savent qu'ils ne pourront pas faire la croisière avec leurs copains.

    16h30. Le mécanicien est de retour ! La pièce est réparée. Il est 17h lorsqu'elle est mise en place. On fait un rapide calcul. Il nous reste 200 kils à faire pour être à Purto Natales. C'est encore jouable, le bateau partant au milieu de la nuit. On n'ose y croire. Nous utilisons le téléphone portable du mécano pour prévenir la compagnie maritime.

    Nous repartons. Le silence est absolu dans Chamaco. Laurent à l'oreille fixée sur les bruits du moteur. 40 kils. La pièce tient toujours. 100 kils. On a fait la moitié. 150 kils. On commence à se détendre. On avait annoncé 21h, il est 20h lorsque nous arrivons au port.

    Ils sont tous là ! Les Pierarts, la Cagouille, les Aller-5, les Duduland, Gilles, nos auto-stoppeurs ! La plupart sont sur le point d'embarquer.

    On y est ! Nous savourons notre plaisir, excités et heureux.

    Ca, c'est l'aventure Tchamak !

     

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    Jamais croisière n'a été aussi agréable. Nous l'avons tellement méritée ! Nous profitons de chaque seconde, en prenant le temps d'admirer les paysages, même s'il pleut, même si on a vu la même chose lors de notre descente de la Caretera Australe. Virginie suit un stage de photo intensif avec Gilles. Les enfants sont en groupe dans tout le bateau. Nous ne les voyons pas pendant les 4 jours que dure la traversée. Un court passage dans le Pacifique permet à tout le monde de ressentir le mal de mer. Le temps d'une nuit, le temps change et devient plus clément. Nous sentons que nous avons quitté la Patagonie. Tous sont sur le pont pour profiter des rayons du soleil qui s'est montré si absent.

     

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    Au petit matin du dernier jour, nous débarquons sur le port de Puerto Montt, ville Chilienne à proximité d'Esquel, là où nous avions clôturé notre dernier article. La page est tournée et, avec elle, se termine notre aventure au bout du monde.

     

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    En faisant démarrer le camion, un léger bruit indique à Laurent que la pièce ne tiendra pas éternellement. La décision la plus sage serait de couvrir au plus vite les 1000 kils qui nous séparent de la capitale, puisque nous devons nous y rendre, et réparer une bonne fois pour toute notre bon vieux camion, et en particulier le freinage, en perspective de l'Altiplano Bolivien.

    C'est chose faite en 2 jours sur autoroute.

    A l'heure où nous écrivons ces lignes, nous avons loué un appartement au centre-ville de Santiago. Nous avons appris que les réparations sont terminées et que le camion nous attend. Demain, nous devrions retrouver les Majuline qui refusent de croire que nous voyageons en camion. Nous devrions ensemble passer quelques jours à Valparaiso.

    Mais ceci est une autre histoire !

    Nous ne pouvons pas résister au plaisir de partager avec vous le mail que nous avons reçu récemment de Nico, le frère de Virginie.

    Bon, les gars, (...), je voudrais quand même vous dire que les coïncidences commencent à devenir énormes.

    • Vous passez en Grèce: crise de la dette Grecque peu après

    • En Egypte: révoltes peu après

    • Au soudan: affrontements lors du referendum peu après

    • Dans la corne africaine: Sécheresse et famine peu après.

    • Saut à l’élastique: une australienne vient de sauter au même endroit et son élastique a cassé. Elle a fini direct dans le fleuve avec l’élastique accroché aux pieds (elle va bien).

    • Au sud de l’Amérique du sud un Enorme incendie (1500ha de brulés) peu après.

    Et j’en ai peut être oublié.

    Mais c’est énorme, cela ne peut pas être une coïncidence… Comment vous faite ?

    Et je vous aime bien, vous nous manquez et nous vous attendons avec impatience. Mais que va-t-il se passer en France après votre retour. Je suis inquiet. On nous parle de la fin de monde le 21/12/12.

    C’est donc ca, c’est vous qui êtes derrière tout cela. Vous faites parti de la théorie du complot.

    Avant de clore cet article, nous tenons à remercier chaleureusement tous les enfants et les accompagnateurs du Centre de Loisirs de Bois-le-Roi. Nous avons reçu récemment une charmante vidéo qui nous montre le projet pédagogique qu'ils organisent autour du voyage et de l'aventure Chamaco.

    Bonne année 2012 à tous !

     

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    Film à voir : La Marche de l'empereur


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    carte de voeux 2012

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  • Jamais, depuis que nous avons quitté l'Europe, un passage de frontière n'a été aussi facile. En arrivant au petit matin à la gare routière de Foz de Igaçù au Brésil, nous sautons, toujours avec nos trois bagages dans un taxi et donnons au chauffeur l'adresse de l’hôtel que nous avons réservé en Argentine. 10 minutes, le temps de tamponner nos visas et de vérifier le laisser-passer du chauffeur. On nous accorde d'office un visa de trois mois, renouvelable à chaque passage de frontière.

    L’équivalent Argentin de la ville Brésilienne de Foz de Igaçù s’appelle Puerto Iguazù. On nous a conseillé de voir les fameuses chutes de part et d'autre de la frontière, tout en sachant qu'en Argentine, elles devraient être plus spectaculaires. La pluie et la fatigue du voyage nous conduit à prendre rapidement possession de la chambre que nous avons réservé au Complejo Americano. Les chutes peuvent attendre demain. En face de l’hôtel, un bus nous emmène, soit en ville, soit aux chutes, pour 2 pesos par personne.

    « Pauvres chutes Niagara », aurait dit un jour Eleanor Roosevelt en découvrant les chutes d'Iguazù. Nous ne connaissons pour l'instant que les chutes Victoria. Nous nous ne sommes pas lancés dans des calculs de débit pour savoir laquelle des 3 est la plus grande et la plus belle du monde. C'est vrai que le site dispose d’aménagements modernes, de nombreux restaurants et boutiques de souvenirs et même d'un petit train pour éviter que les 2000 touristes journaliers n'aient à se fatiguer. Rien à voir avec les câbles et passerelles Africaines, jetées au dessus du vide !Un homme nous propose un tour en 4x4 en foret pour l'équivalent d'un SMIC mensuel local. Nous déclinons, songeurs... Nous nous mêlons à la masse des visiteurs, touristes parmi les touristes et tentons de profiter au mieux du spectacle, malgré la pluie. Mouillés pour mouillés, nous nous approchons au plus près de la cataracte alors que son débit est au plus fort. Le cœur du site, la Garganta del Diablo, se ferme d'ailleurs dans l'après-midi, pour des raisons de sécurité.

     

    chutes iguazu
     
    Malgré l'impressionnante démonstration de cette force de la nature, nous renonçons à revenir le lendemain. L'exploitation abusive des grands sites ne trouvent pas faveur à nos yeux, même s'ils sont incontournables. Elle nous a cependant également donné l'occasion d'approcher une faune insolite pour nous.

     

    faune iguazu

    Il nous reste cependant une journée à tuer sur place avant de prendre notre car pour Buenos Aires. En effet l'appartement que nous avons loué dans la capitale n'est pas encore disponible. Nous laissons nos bagages à l’hôtel et errons dans les rues du village dans l'espoir de trouver une activité qui puisse distraire les enfants. La chance nous sourit quand nous apercevons un camping-car immatriculé en France garé au détour d'une rue. Nous faisons ainsi la connaissance de la famille «La Cagouille en Vadrouille », qui commence un voyage de deux ans dans les 3 Amériques. Nous passons une après-midi très agréable en leur compagnie.

    Dernière étape de notre voyage en car. Iguazu-Buenos Aires. Nous achetons nos tickets directement à la gare routière de Puerto Igazu auprès de la compagnie Crucero del Norte. Depart 19h, arrivée 12 le lendemain. Voyage sans histoire.

    Si vous êtes un jour amenés à séjourner à Buenos Aires, nous ne pouvons que recommander de louer le même appartement que nous. Situé au cœur du quartier de Palermo, à proximité d'espaces verts et à deux pas du metro, il dispose d'un wifi et d'un lave-linge pour un prix journalier équivalent à une nuit dans un camping en Afrique. Que rêver de mieux ? Vous pouvez contacter directement Dolores, notre logeuse, en cliquant ici.

     

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    Quelques jours seulement après notre arrivée en ville, nous sommes contactés par les Majuline. Christine, Martin et leur deux enfants, Jules et Eliott entreprennent un voyage autour du monde pendant deux ans à bord de leur Defender. Ils sont eux aussi dans l'attente de récupérer leur véhicule, mais pour eux en provenance du Havre.

    Pendant deux semaines, nous nous sommes vus tous les jours et avons pu tisser les liens d'une réelle amitié. Nous nous sommes laissés séduire par les charmes de la ville et de ses habitants, notamment une balade dans le quartier animé de San Telmo et une magnifique excursion à la ville de Tigre et son delta constitué d'un labyrinthe de canaux.

    tigre

    De manière plus furtive, mais tout aussi intense, nous faisons la connaissance de la Famille Roux. Denis, Sarah et leur 3 filles, Fanny, Manon et Océane voyagent depuis maintenant 3 ans en camping-car. Une fois l'Amérique du Sud rayée de leur « to do list », il ne leur restera plus que l'Afrique. On se complète. Mais les Roux, eux foncent. Ils n'ont pas de véhicule à réceptionner, pas de temps à perdre dans une grande capitale. Comme on les comprend...

    Ces rencontres furent trop brève à notre goût. Nous espérons les croiser prochainement sur notre route, bien qu'il semble que nous n'ayons pas tout à fait le même rythme. Nous gardons de ces deux belles rencontres de fabuleux souvenirs de soirées à 14 dans notre 50 m2 qui se finissaient dans le camion des Roux garé au pied de l'immeuble, une fois les enfants distribuées et couchés dans les deux pièces de l'appartement. Pour nous, familles nomades, c'est toujours un moment particulier de la journée que de se retrouver entre adultes. Surtout quand Denis nous ouvre les portes de sa fabuleuse cave !

     

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    Alors que nous devions récupérer notre camion en même temps que le Land des Majuline, nous apprenons que notre navire a pris deux semaines de retard. Nous revoici donc repartis pour 15 jours supplémentaires en ville et réussissons à prolonger notre location. C'est à la même période qu'un soir Monpotejojo nous fait savoir sur Skype qu'il prendrait bien un bol d'air, d'huile de vidange et de graisse avec nous, pourquoi pas pendant les vacances de Toussaint, dans 3 semaines, tiens...!...

    Cette attente forcée en ville nous donne la chance de comprendre un peu mieux ce nouvel univers qu'est pour nous l'Amérique Latine. Nous nous laissons séduire par la douceur de vivre à Buenos Aires et la gentillesse et le civisme de ses habitants. Personne ne nous sollicite certains se lèvent pour laisser nos enfants s'asseoir dans le bus. Bien qu'ayant énormément de mal à nous exprimer en Espagnol, nous sommes à chaque fois renseignés et aidés avec sourires et patience. Nous abandonnons progressivement nos réflexes de survie et nous laissons aller aux charmes désuets et spontanés de ce Paris d'après guerre. L'Argentine est féminine, autant que le Brésil est masculin. Nous goûtons avec délices aux assortiments variés d'empanadas et savourons le bœuf Argentin. Les enfants découvrent le submarino, une barre de chocolat plongée dans du lait chaud. Nous nous promenons dans les quartiers de la Bocca et d'Abasto et en revenons les yeux chargés de couleurs.

     

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    Nous reprenons également les cours du CNED. Une confusion administrative a retardé la rentrée scolaire. Nous travaillons à partir du programme de l'année dernière que nous téléchargeons et imprimons.

    C'est à cette période que nous faisons la connaissance d'Hubert et de Laurence, un couple français qui a décidé de s'installer sur place avec les 3G. 3G pour leurs 3 garçons, Gonzagues, Grégoire et Gauthier. Ce sont des amis que Marin et Marion, nos amis et hôtes de Rio, ont connu lors de leur dernier contrat d'expat en Argentine et nous ont présenté. Corentin sympathise immédiatement avec Grégoire.

    Ils nous ont ouvert les portes de leur ville en nous faisant découvrir, entre autres, les plaisirs de bouche argentin, ceux du ski nautique sur le Tigre, les matchs de polo et avec eux nous avons passé des moments fabuleux. Notre histoire ne leur est pas étrangère. A deux ou en famille, Hubert et Laurence sont amoureux du 4x4. A bord de leur Land Cruiser, ils ont parcouru de nombreuses pistes d'Amérique du Sud et d'Afrique. Ils sont en train de préparer un superbe camion en Espagne. Nous passons de longues heures à mettre en place un itinéraire idéal en Argentine, au Chili, et en Bolivie.

     

    polo
    ski nautique tigre

    Merci les amis pour tous vos conseils, tout le temps que vous avez consacré aux pauvres voyageurs de passage que nous sommes ! Nous partageons les mêmes valeurs, celles de l'amitié, du voyage, de l'aventure et des rencontres. A notre tour maintenant de vous souhaiter bonne route et la réussite de tous vos projets !

    En parallèle, nous faisons enfin la connaissance des Six en Route. Le hasard à fait que nous avons correspondu avec eux en amont des préparatifs de notre projet. Très vite, ils nous avaient répondu, nous délivrant de précieux conseils, d'autant plus que l'itinéraire qu'ils avaient déjà réalisé correspondait en tout point à celui que nous avions prévu. Depuis deux ans, nous les avons suivi via Internet, sans jamais leur avoir parlé. Il nous tardait de les rencontrer. Ils correspondent en tout point à l'image que nous nous étions fait d'eux à travers leurs récits et leurs photos : originaux, colorés, joyeux, soudés, fantasques, profonds. Une après-midi et une soirée ont suffit à ce qu'on se comprenne. Nous avons appris que le retour de leur camping-car vers l'Europe s'est ensuite mal passé. Leur véhicule a beaucoup souffert de la traversée. Nous comprenons vraiment votre détresse et sommes à fond solidaires.

    Ainsi se poursuit notre petite vie tranquille à Buenos Aires.

    Et puis, enfin, un beau jour...

    Chamaco ne se contente plus de traverser montagnes, déserts, rivières, pistes caillouteuses et océans. Désormais, il vole !

    Nous passons par un transitaire pour réaliser les démarches portuaires et de douane. Première surprise, en plus des 5500 euros pour la traversée, nous devons verser 3000 dollars de déchargement. Deuxième surprise : pendant les transfert, il a dû être cogné. La porte du coffre de réservoir est arrachée et le retro extérieur droit est brisé. C'est non sans appréhension que Laurent se met au poste de conduite et introduit la clé de contact.

    Après deux mois passés en mer, le camion démarre au quart de tour, ce qui ne nous est jamais arrivé depuis notre départ. Nous réalisons que nous n'avions jusque là jamais testé notre nouveau démarreur installé au Cap.

    L'agent se bagarre. Il n'y a pas de doute là dessous. Elle papillonne d'un bureau à l'autre, portant une liasse de papiers. Elle discute, négocie, râle, revient à la charge, supplie... en Espagnol ! Laurent la suit pendant les sept heures nécessaires à obtenir le laisser-passer final qui lui permettra de franchir la dernière barrière du port au volant de Chamaco. C'est fait. Le camion dispose d'une autorisation provisoire d'importation de 6 mois en Argentine. Il a été scanné. Il ne recèle désormais plus aucun secret pour les autorités locales.

    Les dernières heures de ces tribulations administratives en langage des signes se sont heureusement déroulées sous le regard protecteur de l'interprète Hubert qui a consacré le reste de sa journée à trouver, avec Laurent, un garage destiné à rendre le camion opérationnel, suite à son hibernation maritime.

    Virginie en profite pour se rendre à la poste, chercher le cadeau d'anniversaire de Laurent. Son cher chapeau Sudaf' a été perdu dans un car entre Sao Paulo et Buenos Aires. Avec l'aide de Myriam, elle voulait lui faire la surprise de le remplacer. 3 heures d'attente à la poste ont été requises pour récupérer un simple paquet. A cela s'ajoute le stress d'un transport en commun difficile, lent et surbondé. Lorsque nous étions en France, nous étions les premiers à nous plaindre du service public. C'est lorsque l'on voyage que l'on prend conscience de l’exceptionnelle qualité de vie dont nous disposons en France : un climat agréable et changeant, une géographie variée, un niveau de développement économique rare, une protection des citoyens unique au monde, que ce soit sur le plan financier ou sanitaire.

    Il nous revient d'ailleurs une anecdote Africaine que nous avons oublié de vous conter.

    C'était au Kenya, je crois.

    Un homme aborde Laurent.

    "Tu viens d'où?"

    "Laurent - de France.

    L'homme - La France... C'est le pays où on peut gagner de l'argent sans travailler?

    Laurent - ..."

    Vous auriez répondu quoi, vous?

    Nous en profitons pour faire de grosses bises à Myriam et à Paul et à les remercier chaleureusement.

    C'est chose faite. Nous passons nos derniers jours à Buenos Aires à nettoyer et préparer le camion dans le garage. Juste à temps pour récupérer Georges (mon Potejojo) et ses deux enfants, Hermine et Marin à l'aéroport. C'est sur le tarmac du terminal 2 que nous passons notre première nuit dans le camion, après deux mois d'abstinence.

    L'épisode qui va suivre narre la reprise d'un road story à l'américaine, avec ses moments de galère, de joie, de passion d'émerveillement, d'amitié et de partage...

    Nous avons du mal à cacher notre émotion en retrouvant nos amis. Nous ne sommes qu'excitation dans la perspective de reprendre et de partager notre aventure pour la première fois depuis notre départ de France. Georges a décidé de s'abandonner en nous, confiant. Ils ne savent pas ce qui les attend, pas plus que nous.

    Tout excités que nous sommes, nous lui demandons cependant un délai à l'aéroport, le temps de faire la connaissance de la famille Angaleo qui atterrit sur le même site une heure après lui. Nous tenions à le faire, après avoir rencontré le frère jumeau de Nicolas à Rio, le responsable de la virée de Laurent dans les favellas. Les Angaleos ouvrent un camping en Bolivie. Nous les retrouverons avec plaisir sur place.

    Autre moment fort de la journée, l'ouverture de l'énorme valise de Georges et la découverte de tout ce qu'il nous a apporté. Les cours du CNED. Officiels. Passons... Du fromage. De France ! Comté du Jura pour Virginie et Tomme de Savoie pour Laurent. Du vin : Chablis et Nuit Saint Georges. Ils ne feront pas long feu. Stéphanie et Antoine en ont profité pour nous gâter. Des livres. Pour tous. Du chocolat. Belge. Nous les dévorerons aussi vite que les livres. Nous en profitons pour vous remercier tous les cinq et vous embrasser du fond du cœur.

    Les jours qui suivent sont rythmés par la reprise de la route et la prise en main de la vie en collectivité. Pas facile de vivre à 8 dans 10 m². Les premiers jours, Georges et ses enfants dorment à l’hôtel et nous, sur le parking du même hôtel. Nous disposons de 2 semaines pour leur en mettre plein les yeux. Le but est maintenant d'arriver le plus vite possible à la Péninsule Valdes. Vous découvrirez pourquoi.

    Premier arrêt digne d’être narré à la ville de San Clemente del Tuyù. Il n'est pas trop tard pour respecter la seule requête qu'a émis Georges pour venir : « Je veux manger un gros steak Argentin ! ». Nous lui présentons la Parilla, de la même manière qu'Hubert et Laurence nous l'ont introduite, un soir à Buenos Aires. Le mot barbecue est faible pour décrire cette institution locale. Un brasero est posé sur la table, accompagné de 3 kilos d'une sélection de viandes et d'abats de bœuf précuits sur des braises. Libre aux clients d'en parfaire la cuisson. Le décalage horaire a eu raison de son appétit. En même temps, Hermine et Marin dormaient sur leur banc, dans un sommeil de justes.

    Nous ne pouvions pas recevoir un invité et lui montrer notre mode de vie sans passer par un garage ! Le lendemain, Virginie mentionne que le relais entre les batteries du camion et celles de la cellule ne fonctionnent pas. Les batteries de la caisse ne chargent plus en roulant. L'électricien du village nous remplace, pour une poignée de pesos, notre ancien système automatique cassé par un système manuel. Ça marche ! Dans le garage nous en profitons pour faire la connaissance de l'inventeur d'un surf de dunes motorisé. Pas moins de 10 différentiels ont été installés sur son produit pour le rendre opérationnel. Il nous propose de faire un essai... dont vous verrez les résultats dans notre film de fin d'article.

    Non loin de la cité balnéaire de Pinamar, il est possible de s'engager sur la plage avec son véhicule pendant 17 km. Nous ne le savions pas en nous engageant sur le sable et partions uniquement pour une démonstration de conduite sur terrain meuble. Dans ces conditions, nul besoin de dégonfler. Bien évidemment, on se plante. On ressort toutefois assez facilement. Laurent tente de s'approcher de la mer, là où le sable est mouillé et semble plus dur. On se plante de nouveau. Méchamment cette fois. Pas de panique. On a fait l'Afrique. On fume une clope, on fait chauffer le café et on rigole un peu avant de se mettre au travail. Sauf qu'ici, ce n'est pas de désert. La marée monte. Et vite en plus. On s'en aperçoit lorsqu'une première vague vient toucher une roue du camion. On arrête de rire. On ne filme plus. On a 10 minutes. On couvre et fait sortir les enfants. Les plaques de sable. Elles sont verrouillées par un cadenas. La clé. Elle est où la clé ? Là. Elle ne rentre pas. Vite ! On scie le cadenas. Ça monte ! C'est bon. On a les doigts en sang. On creuse. On pose les plaques, on use les pneus dessus. Panique. On met des pierres pour stabiliser. Les pneus se déchirent sur les plaques et les plaques se dressent entre les pneus et les pierres. Nous creusons maintenant dans l'eau. En avant, en arrière. Ça chauffe, mais ça ne bouge pas. On dégonfle. Un homme chaque pneu. C'est lent. Beaucoup trop lent. On enfonce un bout de clé sur la valve. Ça va mieux. Un homme nous observe, juché sur sa moto. Il nous met en garde:il ne préviendra les secours que lorsque les pneus seront totalement dégonflés. Il se marre. Il est tout propre. Il nous énerve. On retente. On sort. On se casse le plus en amont possible de la plage. On est sauvé. L'homme est hilare : il nous explique que la marée ici est de faible amplitude et au plus haut.

    On y est. Georges est dépaysé. Virginie insiste pour qu'on reprenne le bitume.

    L'aventure Chamaco a repris à cet instant.

    Leçon nº27 : l'océan n'a rien à voir avec le désert.

    Le même jour, nous atteignons Mar del Platta. Il est tard quand nous approchons de la ville. Il faut trouver un bivouac. Un camping. Les prix sont prohibitifs. On tente notre chance ailleurs. La nuit commence à tomber. Une pinède. On s'enfonce sur une piste, essayant de trouver un coin abrité des regards. On trouve une cuvette. La descente est aisée. On s'installe. On sort les tentes pour nos hôtes. Georges prépare le feu. Un feu de la Saint Jean. Au beau milieu d'une pinède !

    L'effet de tarde pas. Gyrophares bleus et rouges. Un 4x4 de police. Personne n'en descend, mais un avertisseur insistant nous fait comprendre que c'est à nous d'aller à sa rencontre. L'homme est paniqué. Il nous demande nos passeports, la main sur son arme. On comprend qu'il est interdit de camper ici, encore moins d'y faire du feu. On retourne au camion chercher nos passeports, inquiets sur notre sort. L'homme semble rassuré en les voyants. Il ne les prend pas, mais nous donne 10' pour déguerpir, nous annonçant que la zone est truffée de brigands. Il part.

    Les 10' se transforment en deux heures.

    Chacune des possibilités de sortie de la cuvette offrant un espace suffisant entre les arbres pour laisser passer le camion ont été tentées. On a beau prendre de l'élan, nous échouons chaque fois à quelques dizaines de dizaines de centimètres de la libération. Rageant. Dien Bien Phu se transforme en Verdun. Le sol est labouré par les roues du camion. A chaque tentative, il devient plus meuble et moins stable. On s'enfonce un peu plus à chaque fois.

    Nous dégonflons et tentons une dernière tentative. On prend le plus d'élan possible. Si ça ne passe pas sur ce coup là, nous dormirons avec les brigands, en attendant qu'un bull vienne nous sortir de là le lendemain.

    Et ça passe ! Nous nous en sortons avec une belle frayeur. Deux gros plantages dans la même journée. Nous envisageons avec sérieux ce système qui équipe la plupart des bus, cars, camions en Argentine, qui permet de gonfler et dégonfler les pneus depuis le poste de conduite, tout en roulant. Ce système n'est pas homologué en Europe, mais permet de rouler avec un pneu crevé.

    Finalement, Georges nous demande de l'accompagner à l’hôtel le plus proche !

    La route qui suit, notamment la traversée de Bahia Blanca n'a peu d’intérêt. Nous avons tenté de réduire au mieux les kilomètres qui nous séparaient de notre destination finale et s'accorder plus de temps sur place. Décision d'autant plus justifiée que le temps n'était plus de la partie. Pluie et vent accompagnent désormais notre route, jusqu'à se demander pourquoi les Argentins ont mis un soleil sur leur drapeau... Les nuits d’hôtels pour Georges et ses enfants s'espacent. Nous sommes de plus en plus souvent huit à dormir dans le camion. Hermine dort avec Marine. Marin dans le lit de Charlotte. Charlotte dans le notre. Georges dans la cabine ou, s'il fait trop froid, dans la cuisine.

     

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    Peu après Carmen de Patagones, une très jolie piste longe la côte. Le ciel est avec nous pour une première immersion dans la vie sauvage. Le long de cette piste se succèdent : Balneario El Condor - une falaise de craie où nichent des perruches (« La Plus Grande Collonie de Perroquets au Monde », nous avertit un panneau local !), la Loberia - un promontoire d’où on peut apercevoir des lions de mer, Caleta de los Lorros, où on n'a pas pu voir les flamands roses ! Par contre, juste à la sortie de bahia Creek, il est possible de camper dans le désert. Un vrai désert avec des dunes et une vue splendide sur l'océan. Nos amis ont sauté les pieds joints dans l'aventure. Plages et falaises de craie s'alternent pour notre plus grand plaisir. Tout le monde saute sur le toit du camion pour profiter du paysage magnifique. Georges, puis Virginie en profitent pour prendre le volant.

     

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    La route qui suit n'est que pampa, pampa y pampa. Ça lasse.

    Nous ne prenons pas le temps de s’arrêter à Puerto Madryn, abordant la ville par son coté le plus moche, son port commercial et sa zone industrielle. Le péage pour se rendre à la Péninsule de Valdes est de 70 pesos par adulte. On n'a pas vérifié pour les enfants, on les a cachés dans le camion. 30 kils après la porte principale, un musée très bien fait explique le biotope spécifique de la région. Première nuit au village de Purto Pyramides, le cœur économique de la péninsule. Georges prend une chambre dans le plus bel hôtel du village, celui qui offre une vue imprenable sur la baie... et les baleines ! Les Tchamaks (c'est notre nouveau nom) s'installent dans le camping du village, abrités du vent par les dunes de sable.

    Entre octobre et novembre, les baleines franches viennent ici mettre bas, avant de repartir reprendre des forces se nourrir dans l’Antarctique. Nous y sommes, à temps. C'était le but de notre voyage. Dés le premier jour, nous les apercevons sauter au large.

    Pas de sortie en mer possible le lendemain. Le port est fermé. Nous en profitons pour faire le plein, les courses et équiper toute la famille de vêtements chauds, en perspective du Grand Sud et de la montagne. On n'avait pas besoin de tout ça en Afrique ! Nous faisons la connaissance de Georges et Chantal, partis pour un tour du monde de 5 ans en Mutsubishi. Leur blog est très bien documenté, offrant une multitude de conseils aux voyageurs. Nous rencontrons également Béa et Vincent, couple charmant venu passer quelques vacances à Valdes. Vincent est vétérinaire, passionné de cétacés. Il trouve réponse à toutes nos questions.

    Le lendemain, le port est ouvert. Nous avons prévu notre première rencontre avec les baleines en fin de journée, au coucher du soleil. Plusieurs compagnies proposent le tour. Le prix en soirée est de 400 pesos par adulte et 200 par enfant. En attendant la soirée, les hommes, Hermine, Marin et Corentin s'offrent une rencontre avec les lions de mer. Expérience inoubliable. Bien que dans leur milieu naturel, ces animaux sont curieux et joueurs. Ils cherchent le contact. Ils sont toujours là où on ne les attend pas. C'est un vrai plaisir que de les voir évoluer avec une telle fluidité, alors qu'ils sont si patauds sur terre. Bien que l'eau soit à 10°C, nous sommes restées une heure avec eux, oubliant les morsures du froid.

    La virée en mer dans la soirée se passe de tout commentaire. Bien qu'il fasse très froid, chacun d'entre nous en a pris plein les yeux. C'est un véritable émerveillement que de s'approcher si prés de ses animaux gigantesques et d’être le témoin privilégié de cette grande tendresse qui unit la mère et son baleineau. La louve Virginie, en particulier, est conquise. Charlotte : « Ils sont gros les hippos ici ! »

     

    valdes baleines

    Le lendemain, nous quittons Puerto Pyramides pour explorer la péninsule côté terre. Comme partout en Argentine, des clôtures longent la route, dissuadant de toute échappatoire aux itinéraires autorisés. Il semble que toute l'Argentine soit privatisée. Du haut d'une falaise, nous apercevons des éléphants de mer, qui, de loin, ressemblent à de grosses pommes de terre qui passent leurs journées à se traîner sur la plage et à se reproduire. Ils sont la cible privilégiée des orques qui viennent s'échouer pour les chasser. Nous sommes tentés de descendre à leur rencontre avec le treuil du camion, mais ce n'est pas raisonnable dans ce milieu protégé, n'est-ce pas ?

    En tentant d'apercevoir des pingouins, nous faisons la connaissance de Michèle et Loup, couple Belge qui voyage autour du monde dans un camping-car pullman ! Nous évoquons des amis communs et quelques une de leurs mésaventures. Ils nous parlent d'un spot où il est possible de camper gratuitement à proximité des baleines. Deux familles françaises en camping-car y seraient d'ailleurs installées. Demi-tour. Tant-pis pour les pingouins.

    C'est ainsi que nous faisons la connaissance des Maynards et des Binets.

    Les Meynards sont composés de Fanette et Ludo, les parents ; Mathieu, Pierre et Victor, les enfants. Ils sont partis pour un an de voyage en Amérique. Victor et Charlotte sont tombés amoureux. Tel Brice de Nice, Ludo passe sa journée en shorty en attendant la vague, euh, la baleine.

    Les Binets sont composés de Léti (Elaeudanla Teïïa) et Greg, les parents ; Trystan et Noah, les enfants. Ils ont prévu un voyage de deux ans aux Amériques et sont depuis 18 mois sur la route. Anciens restaurateurs, ce sont des personnes avec qui il faut voyager !

    Aprés un mois en Amérique Latine, nous avons rencontré plus de familles de voyageurs que pendant l'année que nous avons passé en Afrique ! Et à chaque fois, c'est la rechute : apéro, bonne bouffe et franche rigolade.

     

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    Il faut dire qu'entre confort et sécurité, nous sommes bien mieux ici qu'en Afrique ! Au delà des barrières, l'Argentine reste une magnifique terre d'aventure. Le fait de pouvoir donner son linge à laver a changé le voyage de Virginie.

    Nous restons 4 nuits sur la plage de Pardelas, les discussions perpétuellement interrompues par des « regarde ce saut ! », « elle est tout près là » et autres « oh la belle queue ! ». Les 10 enfants (!) s'autogèrent en groupe. On ne les voyait pas de la journée. Greg et Léti ont gagné le concours de celui qui s'approchait au plus près de la baleine.

     

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    Les vacances de Georges et de ses enfants touchent à leur fin. Il va nous falloir quitter notre petit paradis pour les conduire à la gare routière de Puerto Madryn. Moment difficile pour tous, même si nous savons que nous avons réussi à les dépayser un peu...

    Nous passons une nuit à Puerto Madryn, le temps de faire le plein de nourriture, de réparer notre préchauffage diesel et d'acheter de la fibre de verre pour réparer le bac à douche. Nous nous dirigeons ensuite vers Punta Ninfas. Nous y passerons 3 jours, le temps de bricoler et d'approcher les éléphants de mer. Nous sommes seuls au monde et en profitons pour retrouver notre rythme familial. Nostalgique, Virgine aperçoit au loin sa dernière baleine, la première à partir comme nous vers l’Antarctique.

     

    punta ninfas

    Un petit arrêt à Trelew, le temps d'une rapide connexion, et nous reprenons la route. Nous avons prévu de passer Noël à Ushuaia. Il se peut que Péric vienne nous rejoindre là-bas. Nous avons un mois et demi à perdre pour nous y rendre à temps. La route de la Cordillère des Andes est incontournables. C'est celle que nous décidons de pendre pour éviter de perdre inutilement notre temps. Celle de la côte Est est rapide, mais ennuyeuse. Nous la prendrons pour remonter.

    Pendant les deux jours que nous a pris la traversée d'Est en Ouest du pays, nous avons été en Bretagne, en Mongolie, en Namibie et en Suisse. Une petite piste de traverse, vierge depuis longtemps, nous permet de bivouaquer dans un endroit minéral magnifique, là où aucun camping-car n'aurait pu s'engager. Nous savourons ce moment... sauf que...

     

    paysages patagonie

    ...en sortant, Chamaco écrase un buisson vert, porteur d'épines redoutables. Sitôt sortis de la piste, nous les ôtons des pneus une par une. Toutes, sauf une ! 20 kilomètres plus loin, c'est la crevaison, la première depuis notre départ. Même pas mal. On a déjà fait la manipulation avec Lucas en Italie. Il met une heure, on mettra le double, au prix d'un froissement des muscles du dos pour Laurent, lorsqu'il a voulu dégager la roue de secours. La douleur est handicapante.

     

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    On fait marche arrière. 25 kils avant de trouver un village et une « gomeria » qui nous répare le tout dans la soirée et nous offre l’hospitalité pour la nuit. On repart au petit matin. Première station. On en profite pour vérifier la pression des pneus. Il manque 2 bars dans celui qui vient d’être réparé. On repart. 4 kils. Le pneu éclate à nouveau. C'est sur la jante que nous nous garons pour la seconde fois, sur le bas-côté de la route. C'est en dévers. Le camion penche et porte sur son flan le plus faible. Il est lourd à lever. Laurent décide de relayer le premier cric avec un second. Le temps de faire la manipulation, la cale de bois sur laquelle repose le premier cric se rompt. Le cric bascule sur son axe et le camion s'effondre. Laurent n'a pas d'autre possibilité que de se faire tout petit sous le camion. Dans la chute, un frein de parking est brisé net. Nous sommes terrorisés et effondrés. Deux jours de galère pour une simple épine et le camion est amputé ! Il nous faut du temps pour reprendre nos esprits et retenter, cette fois avec l'aide des mécanos de la station, la manip. De retour à la station, on nous apprend que la chambre à air est irréparable. On va devoir rouler sur la roue de secours jusqu'à Esquel, la prochaine ville. Nous sommes sans filet. Et si nous n'avions pas enlevé toutes les épines des autres roues ?

    Nous atteignons Esquel dans la soirée. Trop tard pour trouver un garage. Nous dormons à proximité d'un spécialiste du freinage, sur le parking d'un supermarché. Le frein est irréparable. Une soudure ne tiendrait pas à cause de la pression d'huile qui s'exerce sur le bloc. Trouver une pièce de rechange ? Inutile d'y penser. Il ne peut proposer que de le condamner. C'est donc avec 1 frein de parking sur 2 et 3 freins à pied sur 4 que nous allons devoir traverser la Cordillère des Andes du Sud au Nord. On a beau se dire qu'avec un camion, tout se fait au frein moteur, on est inquiet. Avec le système de gonflage automatique des pneus, nous aurions pu rouler jusqu'à une zone plate avant de lever le camion...

    Nous restons 2 nuits à Esquel. Nous trouvons la ville très agréable. Elle ressemble à une station de sports d'hiver savoyarde. Nous espérons pouvoir enfin mettre le site à jour. Espoirs vains, car nous retrouvons les Binets sur le parking d'un supermarché. Rechute. On vous passe les commentaires. On décide de passer quelques jours ensemble dans le Parc National de Los Alerces. Magique.

     

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    Aprés 3 jours en pleine nature, il devient urgent de publier, avant de reprendre notre route vers le Sud. Les Binets repartent plus au Nord, vers Bariloche. On devrait tous se retrouver à Ushuaia pour les fêtes de fin d'année.

    A l'heure où nous écrivons ces lignes, nous sommes depuis 5 jours dans le village de Cholila. Ces 5 jours ont suffit pour nous intégrer au sein de ses habitants. Nous stationnons au milieu d'un prés mis à disposition des voyageurs par la commune. A proximité, une station service, le seul point wifi du village, où nous passons nos journées. Nous avons réussi à réparer avec nos petites mains le système de chauffage qui faisait le bruit d'un avion au décollage. Nous avons rencontré une famille Allemande qui voyage à cheval avec leurs deux garçons de 7 et 9 ans. 4 chevaux de selle et 4 chevaux de bât. Ils sont très sympas et nous trouvons leur aventure magnifique. Hier, nous avons appris qu'un de leur cheval est tombé gravement malade. Personne n'est à l’abri de problèmes mécaniques !

    La liste de nos soucis de camion continue donc de s'allonger. Pourtant, après moultes interrogations, nous avons décidé de ne pas nous en séparer à notre retour. Malgré ses faiblesses, nous le connaissons par cœur. Nous avons décidé par contrer d'acheter un camion équivalent sur lequel nous ponctionnerons les pièces pour réparer notre bon vieux Chamaco. Si vous entendez parler de quelque chose...

    Avant de vous quitter, il faut que vous sachiez que Marine a créé un calendrier sur lequel elle coche les jours qui la séparent de tout événement important. Le jour de notre retour, elle a représenté plein de monde les bras levés pour l’accueillir !

    Demain, nous franchirons la Cordillère des Andes et passons au Chili, Inch Allah, comme dirait l'autre...

    Mais ceci est une autre histoire !

    A voir:

    Carnets de Voyage


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