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  • Nous refermons les portes de notre voyage dans le temps pour ouvrir celles de l'espace.

    Le grand espace!

    Avec une densité de population de 2,5 habitants au kilomètre carré, la Namibie est l'un des pays les moins peuplés du monde.

    Ici, le minéral est roi et nous offre, tout au long de notre voyage, des paysages à couper le souffle.

    Autant vous le dire tout de suite, c'est un véritable coup de coeur que nous avons eu pour ce pays, ce qui explique pourquoi nous avons mis tant de temps à écrire cet article!

    Les premiers (milliers de) kilomètres dans la bande de Caprivi au Nord-Est du pays ressemblent fort à ceux qu'on a connus en Zambie. Une route interminable et monotone, au bord de laquelle nous croisons une famille d'éléphants, mais aucun être humain. Charlotte: "C'est là qu'on était hier".

    Petite étape au bord du fleuve Okavango, à la limite du Bostwana.

    1. grothfontein
     
    C'est en arrivant à la ville de Tsumeb que nous nous rendons compte à quel point nous avons changé de monde. Nous nous retrouvons dans un camping de luxe, dans lequel nous côtoyons des vacanciers blancs venus d'Afrique du Sud dans des pickups ultra-modernes et sur-équipés. Ils restent ici toute la journée. Leur préoccupation principale est le 'braai' (bbq local). Nous avons l'impression que les plaques de désensablement au flanc des véhicules ne servent que pour le décor. Nous n'avons pas notre place ici et repensons avec tristesse et nostalgie à cette Afrique Noire grouillante de vie et de joie. Des grilles nous "protègent" des enfants noirs qui nous observent. La cage est dorée.
     
    2. tsumeb
     
    Dorée également, la cage qui nous permet d'observer les animaux du parc d'Etosha. Les trois campings à l'intérieur du parc fonctionnent comme un zoo, mais à l'envers. Ils sont tous organisés autour de trous d'eau dans lesquels les animaux se relayent pour s'abreuver. Et nous, pauvres bipèdes nus derrières nos barreaux et nos appareils photos, nous les voyons défiler, le jour et la nuit sous les projecteurs.
     
    Le parc est magnifique. Ici, nous avons eu la possibilité de voir une faune riche et variée. C'est avec un réel plaisir que nous parcourons les pistes du parc avec notre camion. Nous avons déjà eu notre compte de faune africaine. Nous n'avons plus besoin de voir à tout prix notre lion ou notre guépard et nous privilégions l'effet de surprise à celui de la quête. Nous flânons avec un plaisir d'autant plus grand que le prix d'entrée du parc est nettement plus abordable que ceux du Kenya ou de la Tanzanie. 
     
    3.1. etosha
    3.2 etosha
     
    A proximié du parc, nous bivouaquons dans une ferme de guépards. "Proximité" en Namibie, cela signifie tout de même à quelques centaines de kilomètres, tant le pays est vaste.
     
    4. ferme des gu����¯�¿�½������©pards
     
    Des fermes de ce type bénéficient d'aides de l'Etat. Le guépard est fortement menacé. Ici, trois guépards sont domestiqués et quinze autres sont semi-sauvages. Ils sont nourris chaque jour. Si certains d'entre eux ne se présentent pas, c'est qu'un springbok est passé à travers le grillage et donc dans leurs griffes. Le spectacle est magnifique. Ce jour là, nous étions les seuls visiteurs et ils étaient là tous les 15.
     
                  
     
    Au Nord-Ouest du parc d'Etosha, nous entrons dans le Kaokoland, sur les terres du peuple Himba, un peuple de bergers nomades. Les femmes Himbas consacrent 80% de leur journée à leur beauté. Elles s'enduisent le corps d'une pommade ocre, à base de graisse végétale et de poudre d'hématite qui leur permet de se protéger du soleil. Elles s'interdisent l'usage de l'eau pour la toilette et purifient leur corps avec les senteurs dégagées par le bois des arbres mopanés. Très pudiques, elles ne montrent leurs chevilles à aucun prix! Les bijoux qui les couvrent indiquent leur statut marital et le nombre de leurs enfants. 
     
    5.1 himbas
     
    C'est ici que nous rencontrons le vrai Kirikou!
     
    5.2 himbas
     
    A partir de la ville Kamanjab et jusqu'à notre sortie du pays, la route se transforme en piste. Une piste très roulante qui laisse derrière nous un nuage de poussière blanche qui vient s'infiltrer dans les moindres recoins du camion. En poursuivant vers le Nord, nous traversons la ville d'Opuwo, puis nous nous dirigeons vers les chutes d'Epupa. C'est sur cette route que nous faisons la connaissance des Claventure (prononcer "c'est l'aventure"), une famille française qui sillonne les routes du monde depuis 4 ans en camping-car. Leur voyage se terminera bientôt en Afrique du Sud.
     
    C'est ensemble que nous retournons vers la ville de Kamanjab où nous nous arrêtons quelques jours pour réparer la clé de contact du camion. Nous nous installons dans le camping d'Oppi-Koppi qui accueille gracieusement les voyageurs au long cours, ceux qui n'ont pas de plaque africaine.
     
    Si les réparations du camion ont duré 3 jours, nous y resterons 10 jours, tant l'accueil et l'ambiance ont été chaleureux. Et dire que sans cette panne, nous ne nous serions pas arrêtés dans ce bled! Nous faisons la connaissance de nombreux autres voyageurs, avec qui nous partageons de grands moments. Vous pourrez consulter leur blog dans notre rubrique dédiée.
     
    5.3 himbas
     
    C'est de nouveau livrés à nous même (ce qui est rare depuis notre départ de France) que nous sillonnons les pistes couvertes de "fech-fech" en direction de Twyfelfontein pour découvrir les roches gravées par les Bushmen; une forêt d'arbres pétrifiés depuis 260 millions d'année et la Welwitschia Mirabilis, une espèce endémique de plantes qui peut vivre plusieurs milliers d'années.
    Nous nous rendons compte que nous quittons la terre des Noirs pour pénétrer dans celle des Blancs par les clôtures qui bordent les routes. Pas moyen de prendre les chemins de traverse. Ici c'est désormais "propriété privée".
     
    7.1 twyfelfontein
     
    Petit arrêt à Organ Pipes et à Burnt Montain.
     
    7.3 twyfelfontein
     
    C'est un peu plus loin qu'une vis dans le moteur décide de casser, bloquant notre accélérateur en sur-régime.  Il est 18h. Comme à notre habitude, nous nous asseyons au bord de la route, attendant notre sauveur du jour. Sauf que là, nous sommes de nouveau dans le désert et qu'il n'y a personne, mais vraiment personne. Une voiture de touristes anglais, voyant notre cabine relevée, vient aux nouvelles. D'ailleurs, on ne croise que des touristes sur les routes de ce pays vide! Ils sont les clients d'une lodge à une vingtaine de kilomètres de là et nous promettent de faire passer le SOS. Qui dans un hôtel de brousse pourrait bien venir en aide à un vieux camion français? Nous attendons, confiants dans notre bonne étoile, et surtout parce que nous ne pouvons rien faire d'autre... Le même soir, le directeur du lodge arrive en 4x4 avec son plus proche voisin (c'est à dire éloigné de 20 kils). Ils passent quelques appels. 30' plus tard, un Unimog vient nous remorquer jusqu'à un garage où nous passons la nuit. Le lendemain à 10 heures du matin, nous reprenons la route. L'ensemble nous aura coûté 40 euros.
     
    Nous décidons de passer à l'hôtel pour remercier notre sauveur d'un soir qui avait disparu, sitôt le camion remorqué. Histoire également de découvrir ces fameuses lodges africaines qui nous faisaient phantasmer dont le tarif demesuré nous interdisait l'accès.
     
    Veuve-Cliquot rosé et vue unique au monde! 
     
    7.2 twyfelfontein
     
    Alors vous comprendrez que c'est avec ce vieux camion et rien d'autre que nous voulons achever notre tour du monde!
    Et c'est ainsi que, petit à petit, nous nous rapprochons des côtes de l'Atlantique. Le paysage change. La végétation disparait. Plus rien désormais n'accroche notre regard. Puis, soudain, elle apparaît.
    La mer!
    Depuis Dar-Es-Salam au bord de l'Océan Indien, nous venons de traverser l'Afrique d'Est en Ouest...
     
    8.2 cape cross

               
    Nous longeons la côte jusqu'à la colonie d'otaries de Cape Cross. Il ne manque qu'une chose avec ces blogs multimedias: ce sont les odeurs! Quoi que...
     
    8.1 cape cross
     
    Puis c'est Swakopmund et enfin Walwis Bay, où nous restons 3 jours au pied de la Dune 7.
     
    9. walvis bay
     
    Miramib, où nous trouvons des aménagements de camping in the middle of nowhere.
    Ici encore, on se tait, en espérant que les images parlent d'elles-mêmes...
     
    10. mirabib
     
    Solitaires à Solitaire.
     
    11. solitaire
     
    Puis c'est au tour des dunes rouges de Sossusvlei de nous émerveiller.
    Même si les paysages sont indescriptibles, ils sont victimes de la surexploitation touristique un peu honteuse de la part du gouvernement. C'est dans ces moments-là que le Désert Blanc d'Egypte nous manque.
    Nous aurions également tellement aimé redonner le toucher du sable chaud au roues de notre Chamaco... 
     
    12.1 sossusvlei
    12.2 sossusvlei
    12.3 sossusvlei
     
    Puis vient la ville de pêche de Lüderitz (pêche au diamant et pêche au poisson) et, non loin de là, le village fantôme de Kolmanskop, ancienne ville diamantifère, maintenant envahie par le sable du désert du Namib.
    L'intérieur de certaines maisons ressemble à notre camion après une journée sur les pistes du pays...
    Regardez-bien les photos ci-dessous. Deux d'entre elles ont été prises au même moment.
    Alors vous l'avez vu ce spectre?
     
    13. luderitz
     
    Nous finissons notre voyage en Namibie par le Fish River Canyon, le deuxième plus grand canyon du monde après celui du Colorado et les sources d'eau chaude de Ai-Ais. L'arbre est l'aloe dichotoma, l'arbre national de Namibie.
     
    14. fish river canyon

    La Namibie est une des dernières véritable terres d'aventure. Une terre sauvage, des paysages hallucinants, une faune exceptionnelle, comme nous n'en avons jamais vu en Afrique. Nous avons dû chercher au fond de nous-mêmes des motivations pour quitter ce pays... une semaine après l'expiration de nos visas!

    Nous étions tristes en arrivant, tristes en partant. C'est un peu ça, aussi le voyage! 

    Film à voir: Les Dieux sont tombés sur la tête

    Rendez-vous en Terre Inconnue: Muriel Robin chez les Himbas


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  • Le 3è plus grand lac d'Afrique après le lac Victoria et le lac Tanganyka est le lac Malawi, qui donne son nom au pays dont il occupe 4/5 du territoire. Nous tenions à y aller, car de nombreux voyageurs nous en avaient vanté le littoral, digne, selon certains, des Îles Seychelles. Nous n'avions d'ailleurs aucune raison de nous en priver, puisque le visa d'entrée dans le pays est gratuit. Les fonds de l'eau ont également une excellente réputation.

    C'est au bord d'une telle plage de rêve que nous nous sommes arrêtés une semaine, le temps pour Corentin de s'initier à la plongée, et pour Virginie et Laurent de s'y perfectionner (Advanced PADI). Il fallait en profiter, car ce sera certainement notre dernière baignade en Afrique...

    C'est là que nous découvrons un écosystème unique au monde. Les seuls végétaux présents au fond du lac sont des algues microscopiques qui servent de nourriture à deux seules espèces de poissons. Les poissons chat et les cychlidés. Le reste n'est que sable et rochers. Les cychlidés, tous originaires du lac Malawi, font le bonheur des aquariophiles d'eau douce à travers le monde. Il y en a de toutes les formes et de toutes les couleurs, même s'ils ont tous des caractéristiques communes. Sur les 600 espèces présumées, seule la moitié a été recensée à ce jour.

    Nous profitons également de cette pause plongée pour tenter de soigner otites et autres infections contractées en Tanzanie. Je dis bien tenter, car sous le climat équatorial, la moindre piqûre de moustique grattée qui s'infecte peut devenir purulente et prendre des mois à guérir. On a beau multiplier les couches d'éosine et de Bétadine, seuls les antibiotiques en viennent à bout. Corentin est d'ailleurs le seul dont la peau est indemne de toute piqûre...

    Puisque nous sommes en train de parler d'infections, nous sommes mis en garde contre une autre menace sanitaire. La bilharziose est un parasite que l'on peut contracter en se baignant dans des eaux stagnantes. C'est la larve d'un escargot qui se développe sous la peau et prend possession de l'organisme humain en le dévorant petit à petit de l'intérieur. Laurent, lorsqu'il était en Cote d'Ivoire, a eu un haut le cœur, quant il a cru l'apercevoir se déplacer à travers l’œil de son interlocuteur... Qu'est-ce qui se passe si un jour la larve décide de fabriquer sa coquille !?! Les chances de contracter la maladie sont très élevées si l'on se baigne dans le lac Malawi. En revanche, la bilharziose se soigne très facilement. Une seule pilule prise 6 semaines après l'exposition au risque suffit pour éradiquer le parasite. Il ne faudra pas manquer la date...

    Le Malawi est un des pays les plus pauvres du monde. Sa principale ressource est l'agriculture qui occupe 70% de la population. Il est ravagé par le SIDA. Comme en Éthiopie, la population s'est enfermée dans un cycle infernal. Au cours des 20 dernières années, la moitié de la foret a été détruite, essentiellement pour servir de bois de chauffage.

    Là encore nous sommes sidérés de voir à quel point difficulté et joie de vivre forment un couple indissociable. Nous ne nous lassons jamais ce cette euphorie, de cette gentillesse, de cette joie spontanée qui accompagne notre passage dans chaque village. Elle est d'autant plus poignante, que ``Chamaco`` est une insulte obscène en Chichewa, la langue officielle du pays avec l'anglais. Les véhicules sont rares au Malawi. Les villageois prennent possession des routes avec leur commerce et leur bétail. Alors imaginez leur tête quand un camion 4x4 de blancs arrive en trombe, avec un bras d'honneur écrit sur le flanc du véhicule ?

    Et pourtant... Ici la joie prend son sens le plus fort qu'on ait jamais pu voir en Afrique. Toutes les personnes continuent de chercher à accrocher notre regard par des grands gestes de salutation, par des cris et même par des danses et des acrobaties improvisées au bord de la route. La joie ici est palpable, réelle, spontanée, jamais intéressée. Le ``Cœur Chaud de l'Afrique``, le nom qu'ils donnent à leur pays, semble être ignoré des associations humanitaires et du tourisme de masse, ce qui rend leur détresse encore plus poignante.

    Nous sommes en plein dans le dilemme du voyageur de passage : comment aider et préserver ?

    C'est avec les enfants du Malawi que nous avons pris un jour le chemin de l'école. Nous y étions invités par l'artiste qui a peint une fresque sur le camion, lui prêtant une vision très particulière du monde... Les enfants nous attendaient près de la plage, à deux kilomètres de l'école. Ils nous ont tendu la main pour qu'on la tienne dans la notre, pas pour qu'on la remplisse. Ils ne l'ont lâchée qu'une fois... l'école en vue ! Puis ils sont repartis, probablement pour aider leurs parents au travail des champs.

    L'effectif de la classe des petits compte plus de 200 élèves pour une seule institutrice. On nous apprend que certains ont fait, à pied nus, 5 kilomètres pour réciter l'alphabet anglais. La salle de classe n'est pas plus grande que les nôtres. Elle n'a pas de meubles. Les enfants sont assis par terre. La maîtresse se fraie un passage au milieux d'eux à coup de baguette pour en punir un ou pour séparer un groupe dissipé. Pas de suivi personnalisé comme en France. Ceux qui réussissent sont ceux qui s'accrochent, souvent ceux qui viennent des maisons les plus éloignées. Ce sont les plus motivés. L'appel au travail des champs fait en sorte que la sélection des meilleurs élevés se fait naturellement, même quand on a six ans !

    La classe des grands ressemble plus à nos classes françaises, ou tout du moins à celle du Petit Nicolas. Ils ne sont plus que 40, assis derrière un pupitre. La concurrence est rude, et l'on se bat pour savoir qui sera le premier à répondre à la moindre question du maître. Seuls nos enfants à nous dorment. Il faut dire que, quand on voyage, un cours en Anglais sur les étapes du planning (le cours du jour) ne constitue pas forcément une priorité...

     

    Venus pour la réputation de son lac, nous sommes littéralement tombés sous le charme du pays, et tout particulièrement de ses habitants. Avec du recul, ce sont eux qui nous ont le plus touchés et nous garderons un souvenir ému de notre rencontre avec les Malawiens. Par leur enthousiasme, leur spontanéité, leur euphorie et leur étonnement, les adultes d'Afrique ont réussi à garder leur âme d'enfant. Les enfants quant à eux sont devenus précocement des adultes. Ils ont le regard déterminé et volontaire de ceux qui, trop vite, ont dû lutter pour survivre. Mais surtout, et ce qui nous a fait mal, est que ces enfants, aussi petit soient ils, n'ont probablement jamais connu la tendresse, tellement ils sont impliqués par des soucis que notre société réserve aux adultes. Un simple bisous d'une maman suffit à leur faire perdre tous leurs moyens. Et ils en redemandent !

    Peu avant de franchir la frontière de la Zambie, nous nous installons sur la place d'un village, non loin de la route. Très vite, des enfants arrivent, curieux. Nous jouons un moment avec eux, jusqu'au moment où nous décidons d'aller nous coucher. Em ouvrant la porte, ils ne peuvent s’empêcher de jeter un œil à l'intérieur du camion... et de tomber sur les nombreux sacs de nourriture par terre. Occidentaux avides, nous venions de faire un plein dans un supermarché de Lilongwe, la capitale. Très vite, c'est l'émeute devant la porte du camion. Ils ont maintenant 50, excités, à vouloir être au plus près de cette caverne aux merveilles. Nous refermons la porte avec gentillesse, mais fermeté. Nous restons sur place encore une demi-heure, ils restent là, tous à taper sur le camion. Nous n'avons pas d'autre choix que de fuir, car malgré l’accueil des adultes, nous savons que nous ne pourrons pas dormir ici.

    Nous avons honte. Il est tellement facile de considérer que ``moni`` veut dire ``bonjour`` en Chichewa et non pas ``money`, comme dans tous les autres pays d'Afrique de l'Est...

    Ce sera notre dernier échange avec les enfants du Malawi.

    Les Zambien sont des gens bien. Au delà du jeux de mots, ils ont ce flegme, cette nonchalance, cette retenue typiquement Britannique. Nous venons à peine de franchir la frontière du Malawi et là, c'est à peine, si, en Zambie, les signes de la main de nos enfants à travers la portière trouvent une réponse, souvent hésitante. Cela ne les empêche pas d’êtredes personnes charmantes et très hospitalières.

    Premier arrêt dans le parc national de South Luangwa, le plus grand parc naturel d'Afrique.

    Nous établissons notre bivouac le long d'une rivière, à l'entrée du parc.

    Corentin : ``Il y a tout ici ! Hippos, crocos et bilharziose !``

    Il ne croyait pas si bien dire...

    Là encore, gazelles, éléphants, zèbres... On vous a déjà montré de nombreuses photos de vie sauvage dans la brousse Africaine. Et puis de vrais photographes animaliers font ça beaucoup mieux que nous. Pour ceux qui sont vraiment en manque, on en a mis quelques unes dans le diaporama. Nous devenons familiers avec cette faune, à tel point que nous en oublions les dangers. De la même manière qu'elle a pu manipuler des serpents dans des fermes spécialisées, Marine n'hésite plus à courir après un serpent sauvage inconnu...

    Corentin profite peu de ce cadre exceptionnel. On le sent fatigué. Il dort beaucoup et on le laisse se reposer, attribuant son état à notre mode de vie. Chaque jour étant tellement riche et intense, on comprend que le manque de repaires fixes peut être fatigant et source de stress pour un enfant.

    Nous poursuivons notre route vers la capitale. Extrait :

    Péric – Vous êtes où là ?

    Nous – A Lusaka

    Péric – A bon ? Vous êtes déjà au Japon?``

    Nous avons ensuite prolongé notre route jusqu’à un lieu cher à Laurent, sur les traces de David Livingstone, explorateur britannique qui a découvert la région. Il a donné son nom à la ville proche des chutes Victoria.

    Les images qui suivent nous donne la meilleure occasion possible d'embrasser cette terre d'Afrique, à l'origine de l'humanité, qui a été si généreuse avec nous. Nous poursuivons ici notre voyage à travers le temps et avons l'impression d’être maintenant parvenu à la matrice, à la terre féconde, à partir de laquelle tout a commencé. Cette terre, c'est ``Mother Zambia``, comme l'appellent avec affection ses enfants. C'est Gaïa, cette déesse Grecque au bras longs dans lesquels on vient se réfugier, c'est notre mère à tous, qui nourrit sur son sol toutes les choses qui sont. La Zambie, c'est le seul pays féminin au milieu de ses huit voisins masculins (rappelez-vous, on ne fait pas la distinction du genre en Anglais). ``Mother Zambia``, c'est cette femme au sein lourd qui, au petit matin, réveille ses six enfants pour qu'ils prennent le chemin de l'école, puis, ses outils sur la tête, va parcourir 12 kilomètres pour participer pendant 8 heures, le dos casse en deux, à la récolte du mais, puis, rentrer chez elle par le même chemin pour nourrir ses enfants. C'est cette femme que Laurent a voulu embrasser à sa manière et, par extension, rendre hommage à toutes les maman du monde, à l’occasion de la fête des mères en France. Nous pensons particulièrement à celles qui sont parties trop tôt et qui doivent bien se marrer en nous regardant de là-haut. Continuez de veiller sur nous.

    La situation de Corentin devient préoccupante. Il dort de plus de plus et ne participe qu'avec difficultés à nos activités. Il n'a pas mangé depuis plusieurs jours. Il commence à avoir de la fièvre. Depuis deux jours, Charlotte est particulièrement râleuse. Elle présente elle aussi de la fièvre. Sans plus attendre davantage, nous décidons de les amener tous les deux dans un centre médical de Livingstone.

    Le diagnostic tombe : ils souffrent tous les deux du paludisme. Corentin en particulier souffre d'une forme sévère de la malaria. Deux des trois formes possibles sont présentes dans son organisme. Lui qui ne semblait jamais être piqué par les moustiques et qui craignait la bilharziose... Nous sommes restés trois jours dans ce centre. Les enfants, sous perfusion, ont reçu quinine, antibiotiques et de quoi calmer la fièvre.

    A l'heure où nous écrivons ces lignes, ils vont beaucoup mieux. Nous sommes restés 7 jours à Livingstone pour suivre l'évolution de la maladie, puis, avec la bénédiction des médecins, avons repris la route. A l'heure d'aujourd'hui, leur organisme présente encore des traces de l'infection, mais ils ont tous les deux retrouvé leur énergie.

    Nous faisons un dernier stop en centre ville, le temps pour Laurent de télécharger nos dernières photos sur le site à l'avant du camion et pour Virginie d'envoyer quelques cartes postales. Le camion est en pente, la double porte moustiquaire s'est fermée, rendant difficile la remontée dans le camion pour Virginie. Un homme se propose de l'aider. Avant qu'elle ait pu émettre un avis, l'homme est déjà dans le camion, la main posée sur le téléphone portable. Virginie monte dans le camion et essaie de le faire sortir, tout en hurlant. Laurent saute de la cabine et fait tomber l'homme du camion en l'attrapant par sa chemise. L'homme est à terre. Un témoin de la scène, un colosse de 100 kg en costume, saute à pied joint sur la cage thoracique de l'homme, puis vient s’excuser, au nom de son pays. Nous ne connaîtrons pas l'état des côtes de notre agresseur... Retour au calme, on reprend la route direction la Namibie. Marine : ``je ne comprend pas pourquoi on se bagarre comme ça pour un téléphone portable!``

    La Zambie recèle en son sein des lieux mythiques dont les noms évoquent à nos oreilles une terre d'aventure : fleuve Zambeze, chutes Victoria, Livingstone... Elle est le pays des millionnaires. Avec un euro pour 6500 kachas, un plein de diesel pour Chamaco coûte la bagatelle de 3,4 millions de kachas ! C'est aussi un pays écologiquement optimiste. On y trouve ici autant de pépinière que d'hectares de foret ravagées au Malawi. Ici les éléphants sont une nuisance, tellement ils ont été préservés. Ils rentrent maintenant dans les villages. On nous apprend qu'ils ont muté récemment. A force de chasser les individus pourvus des plus grosses défenses, les éléphants de Zambie ont maintenant, et depuis peu de temps, des défenses plus courte, le gène ayant disparu.

    Voilà pour aujourd'hui.

    Nous ne pouvons clore cette page sans embrasser les ``7 à Vivre``, avec qui nous avons vécu 1000 aventures depuis l’Égypte, en particulier toutes celles que nous venons de vous compter. Ensemble, nous avons partagé des souvenirs formidables de vie de famille, de rencontres et de paysages à couper le souffle. Nous étions solidaires dans des moments magiques, mais aussi dans les galères de santé et de mécanique. Aujourd'hui nos chemins viennent de se séparer. Leur voyage se termine dans 26 jours au Cap, alors que nous avons la ferme intention de prendre notre temps pour vivre pleinement la Namibie. Laurent, Béné et les enfants : bravo pour votre aventure et merci pour votre amitié.

    Aujourd'hui, nous sommes en plein questionnement sur notre itinéraire. L'état de nos finances n'est plus celui sur lequel on comptait lors de notre départ. Alors ? Continuer sur trois ans ? Voir venir au bout de deux ans comment nos finances vont pouvoir évoluer ? Dans ce cas, l'itinéraire choisi à notre départ est-il toujours pertinent ? On parle toujours de l'Australie, mais aussi maintenant d'Amérique Latine, le temps de voir et de se repositionner ensuite éventuellement vers l'Asie. On parle aussi l'Afrique de l'Ouest... Autant de questions... Réponse... après Cape Town !

    Nous suivons avec avidité tous les événements qui nous rattachent à notre bonne vieille France : la fête des voisins, celle de la musique, Rolland Garros, la sortie du disque des Enfoirés (que nous avons réussi à obtenir)... et le parcours prévu du Tour de France. Jamais nous n'avons tant souhaité participer à une étape du TDF, alors que cela nous était indifférent à la maison. Bref, en tant qu'exilés volontaires, nous nous rattachons à ce qui nous manque le plus : tout ce qui fait l’événement autour desquels les Français se rassemblent.

    A vous, qui avez su prendre quelques minutes pour nous lire, nous espérons vous avoir fait un peu voyager, sinon rêver et nous vous faisons parvenir toute amitié.

    Film à voir: L'Itinéraire d'un enfant gâté, bien sûr!!!!!


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